La SCÉÉ s’est entretenue avec Lindsay Morcom, Ph. D

  • Mai 5
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  • katyellsworth

La SCÉÉ a rencontré récemment Lindsay Morcom, boursière Rhodes et actuellement professeure adjointe à la Faculté d’éducation à la Queen’s University. Lindsay consacre une bonne partie de son temps à l’Aboriginal Teacher Education Program (ATEP) de la Faculté, une tâche tout aussi exigeante que gratifiante. L’ATEP vise à accorder une place à la vérité et à la réconciliation dans la salle de classe, un objectif qui n’est pas toujours facile à atteindre. « L’accent que l’ATEP met sur la réconciliation implique que nous avons de nombreuses conversations exhaustives sur ce qui est arrivé dans le passé et sur ce qui se passe maintenant au Canada », explique Lindsay. Elle ajoute que si ces conversations sont parfois difficiles, elles n’en demeurent pas moins essentielles pour tous les éducateurs si l’on veut qu’ils soient à la hauteur de leurs rôles professionnels en classe et dans la société. Heureusement, la plupart des étudiants en pédagogie, tant autochtones que non autochtones, sont ouverts à ce dialogue.

Lorsque des étudiants inscrits à l’ATEP vont en classe, ils font face à une autre série de défis. Comme le fait remarquer Lindsay, certains ne savent pas trop comment enseigner l’histoire des autochtones et ont peur de se tromper et peut-être de faire plus de mal. Le fait d’envoyer les candidats à l’enseignement de l’ATEP dans les écoles, a-t-elle constaté, les aide à surmonter leurs craintes et ouvre la voie à des discussions ouvertes sur les meilleures approches pour aborder les questions de vérité et de réconciliation en classe. « Notre objectif est de renforcer la confiance des enseignants et des communautés d’apprentissage afin qu’ils puissent parler de vérité et de réconciliation d’une manière respectueuse et adéquate. »

S’appuyant sur l’objectif d’aider les enseignants à se sentir à l’aise quand ils dispensent des cours sur l’histoire des autochtones, Lindsay et ses collègues, Kate Freeman, Ph. D., et Shawn MacDonald, ont corédigé récemment un article pour Education Canada. Cet article, intitulé « Truth and Reconciliation in YOUR Classroom: How to get started, and who can help », décrit des approches pratiques pour élaborer une pédagogie axée sur la réconciliation et des ressources sur lesquelles les enseignants peuvent s’appuyer. Vous trouverez cet article au https://www.edcan.ca/articles/truth-reconciliation-classroom/.

Au cours des dernières années, tous les étudiants en pédagogie à Queen’s suivent obligatoirement un cours sur l’éducation autochtone. Lindsay estime que cette initiative très positive pour le programme fait en sorte que chaque enseignant débutant a maintenant une connaissance de base de l’histoire, des points de vue et des visions du monde autochtones ainsi qu’un accès à des ressources pédagogiques autochtones. « La majorité de nos étudiants tiennent à ce genre d’apprentissage, explique Lindsay. Ils comprennent qu’il s’agit d’un savoir essentiel pour les enseignants d’aujourd’hui et ils reconnaissent que ce bagage les aidera dans chaque école où ils enseigneront tout au long de leur carrière. La Faculté d’éducation de Queen’s s’emploie activement à promouvoir la justice sociale et bon nombre de nos étudiants choisissent notre programme en raison de cet engagement : ils veulent être d’excellents enseignants, mais ils veulent aussi promouvoir le progrès social. Dans cet esprit, le cours obligatoire sur l’éducation autochtone est vraiment essentiel. »

D’abord intéressée par la linguistique, Lindsay s’est spécialisée dans les langues autochtones. Même si la période actuelle est porteuse d’espoir pour la préservation et la revitalisation des langues, précise-t-elle, c’est aussi une période de crise. « Nous avons une montagne à gravir et il n’y a pas de temps à perdre, affirme-t-elle. Il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire, mais nous avons besoin de ressources pour y parvenir. ». Lindsay travaille avec une école de l’île Manitoulin qui a piloté un programme d’immersion en langue ojibwée. Dans cette école, les enfants inscrits dans ce programme dès la prématernelle maîtrisent essentiellement cette langue quand ils arrivent en 4e année. Lindsay explique toute l’importance de cette réussite : « La langue est essentielle. Plus j’ai appris l’anishinaabemowin, plus j’ai compris mon ascendance algonquine. La langue contient d’importantes informations sur la culture ainsi que la façon de penser le monde et d’être dans le monde. » Lindsay nous parle ensuite de son engagement à l’égard du Kingston Native Language Nest, une initiative communautaire qui crée un espace sécuritaire pour le partage des langues, des chansons et des histoires autochtones. « Le programme s’adresse aux enfants, précise-t-elle, mais nous avons constaté que toutes les personnes concernées, y compris les adultes, ont développé un sentiment d’identité et de communauté de par leur appartenance à une culture linguistique. La langue nous ouvre à des façons authentiques d’être autochtones. »

Lindsay prévoit poursuivre ses recherches sur la revitalisation des langues, notamment l’anishinaabemowin qu’elle a appris à aimer. Comme 70 % de la population autochtone vit hors des réserves, des programmes comme le Kingston Native Language Nest, sont plus importants que jamais en termes de revitalisation de la langue et de la culture urbaines. Elle travaille avec des chercheurs d’autres universités pour comprendre à quoi ressemble le maillage dans d’autres contextes universitaires. Elle espère étendre ce travail à la question de l’indigénéité à l’échelle internationale.

Quelle est la prochaine étape de la carrière universitaire de Lindsay? La SCÉÉ est tenue au secret, mais nous pouvons vous conseiller de rester l’affût d’une annonce importante dans les mois à venir.

Si vous voulez en savoir plus sur les recherches de Lindsay, nous vous vous invitons à lire ses articles publiés récemment dans la Revue canadienne de l’éducation :

What do first-year university students in Ontario, Canada, know about First Nations, Métis, and Inuit peoples and topics?

Niinwi – Kiinwa – Kiinwi: Building Non-Indigenous Allies in Education through Indigenous Pedagogy

 

 

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