Une conversation avec Ruth Childs

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La SCÉÉ s’est entretenue avec Ruth Childs, professeur titulaire à l’Institut des études pédagogiques de l’Ontario (IÉPO) et membre de l’Association canadienne des chercheurs en éducation. Les travaux de Ruth portent surtout sur l’équité dans les politiques d’admission aux études supérieures, notamment en Ontario. Son plus récent article, écrit en collaboration avec Mark D. Hanson, Sandra Carnegie-Douglas et Alexis Archbold, des collègues à l’University of Toronto, analyse les effets des initiatives mises en place pour favoriser l’accès à l’éducation postsecondaire à des groupes sous-représentés : DOI 10.1080/13603108.2016.1231720

Nous lui avons parlé de la distinction la plus récente qu’elle a obtenue : elle est en effet maintenant titulaire de la chaire de recherche de l’Ontario en politiques et mesures pour le postsecondaire. Outre le prestige qui y est associée, cette nomination lui permettra de mettre en lumière et de soutenir certains des excellents travaux des étudiants diplômés de l’IÉPO sur les politiques et les mesures. L’une des facettes de cette chaire consiste à mettre au point et à évaluer des initiatives visant à favoriser l’accès des groupes sous-représentés et aussi à colliger et à utiliser judicieusement les données tirées de ces initiatives. Ruth fait remarquer qu’il s’effectue beaucoup de travail dans les universités canadiennes en lien avec l’équité dans les admissions. « Malheureusement, dans bien des cas, l’élément recherche est absent, dit-elle. Un grand nombre d’initiatives sont prises en matière d’accès, mais il n’y a pas de données ou de recherches sur leur efficacité. Comment savoir où est le plus grand besoin? Avec des données en main, nous pourrons en discuter avec un plus grand nombre de personnes, voir où sont les problèmes, puis décider de ce qu’il faut essayer à l’étape suivante. »

Ruth a commencé sa carrière en faisant de la recherche appliquée, d’abord en tant qu’étudiante diplômée au Thurstone Psychometric Laboratory à l’University of North Carolina, puis dans plusieurs agences de recherche aux États-Unis. « Immédiatement après mon doctorat, je n’étais pas vraiment intéressée par une carrière universitaire, dit-elle. J’adorais la recherche appliquée et j’avais le sentiment que je faisais quelque chose de vraiment pertinent. Au bout de quelques années, toutefois, j’ai constaté que les recherches appliquées les plus intéressantes se faisaient dans les universités. » À peu près au même moment, à une ou deux reprises, des clients de Ruth se sont montrés mécontents des résultats qu’elle leur avait présentés et lui ont demandé de refaire les analyses pour qu’elles donnent les résultats qu’ils voulaient. « En prenant la décision d’aller travailler dans une université, je me donnais un peu plus de contrôle sur le processus de recherche et je pouvais colliger et analyser les données de manière responsable. »

Le travail dans un contexte canadien lui a posé de nouveaux défis, surtout pour ce qui concerne la collecte des données démographiques. « Aux États-Unis, la collecte de toutes sortes de données est une pratique courante depuis de nombreuses années. Grâce à ces données, les chercheurs et les administrateurs peuvent savoir s’il y a des problèmes d’accès pour certains groupes et élaborer des solutions », souligne-t-elle. Les établissements postsecondaires canadiens ont tendance à ne pas avoir la même tradition de collecte des données démographiques; c’est donc plus compliqué de savoir s’il y a des problèmes en matière d’accès. « Ce n’est pas simple de demander ce genre d’information, note Ruth. Souvent le seul fait de demander cette information déclenche une réaction négative chez les gens. Cela peut avoir un lien avec une période difficile dans leur vie – dans le cas de réfugiés, par exemple – ou avec d’anciennes pratiques liées à des souvenirs douloureux – comme la collecte de données par le gouvernement sur les populations autochtones. Ruth et plusieurs de ses étudiants diplômés travaillent actuellement sur des méthodes de collecte de données qui tiennent compte de cela tout en donnant l’assurance que les données sont stockées de manière sécurisée et qu’elles ne seront pas utilisées à d’autres fins que celles qui sont énoncées dans l’étude.

Ruth est membre de la SCÉÉ depuis qu’elle s’est jointe à l’IÉPO, en 1999. « Il n’est pas question pour moi de rater un congrès de la SCÉÉ. À mon arrivée à l’IÉPO, Phil Nagy m’a donné toutes sortes de bons conseils. L’une des premières choses qu’il m’a dites, c’était que je devais aller au congrès de la SCÉÉ parce que c’est le seul endroit où on peut rencontrer des collègues qui planchent sur des questions typiquement canadiennes – comme le fait de travailler dans les deux langues, par exemple. Bien que chaque province et chaque territoire ait ses propres préoccupations, nous avons bien des points en commun – plus qu’avec des collègues d’autres pays. C’est donc essentiel pour moi d’aller au congrès de la SCÉÉ afin de savoir ce que font mes collègues ailleurs au Canada. »

Nous sommes entièrement d’accord, Ruth : le congrès de la SCÉÉ est un événement incontournable.

Pour en apprendre davantage sur les recherches de Ruth, consultez l’appli 2017 du congrès de la SCÉÉ et cherchez Ruth dans le volet des conférenciers. Les étudiants diplômés auront la chance de rencontrer Ruth au précongrès du CCÉDÉ; elle y fera un exposé intitulé « Research: Who are you as a researcher? ». Si vous ne venez pas au congrès, vous pourrez voir la communication de Ruth sur l’équité dans les admissions au postsecondaire sur le canal YouTube de l’IÉPO au : http://www.youtube.com/watch?v=LQMCvU7_1yI

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