Mes collègues de trois universités, Olivier Dezutter (chercheur principal) et Véronique Parent à l’Université de Sherbrooke, Sunny Man Chu Lau et Corinne Haigh de l’Université Bishop’s, Cécile Sabatier à la Simon Fraser University et moi-même étudions les rapports à l’écrit des élèves francophones de 6e année dans des contextes bi/plurilingues au sein de régions du Québec à l’extérieur des grands centres urbains. Nous avons invité nos participants âgés de 11 ans à réfléchir à leurs pratiques scripturales et à leur image de soi à l’écrit et à l’oral dans au moins deux langues. Un test d’écriture standardisé (le WIATT) et des entrevues avec les élèves avant, pendant et après un programme intensif en anglais langue seconde nous ont permis de constater dans un premier temps que ces élèves mettent en évidence divers rapports à l’écrit, notamment dans ce qu’ils déclarent être les pratiques et représentations qu’ils ont forgées en lien avec l’écriture tant à l’école que dans des activités parascolaires autorégulées. Le niveau de métacognition des particularités scripturales diffère d’un élève à l’autre; de plus, les attitudes essentiellement positives des élèves face à l’écrit ne sont pas corrélées avec des niveaux supérieurs de compétences scripturales; elles le sont plutôt, la plupart du temps, aux types d’activité d’écriture qu’ils jugent intéressantes et qui leur permettent de mettre à profit leurs ressources cognitives et créatives. Une élève a signalé, par exemple, que l’écriture l’a aidée à se détendre et à laisser libre cours à son imagination. Elle a ajouté qu’elle était en train d’écrire en français une histoire sur des gnomes et d’autres créatures fantaisistes, ce qu’elle préférait de beaucoup aux sujets imposés portant sur des expériences tirées de la vie réelle (par ex., les passetemps ou la critique d’un film), sujets qui, selon elle, sont trop stéréotypés et ne lui permettent pas d’exprimer toute la créativité dont elle est capable. D’autres élèves ont parlé de leurs projets d’écriture personnels en anglais, leur langue seconde, incluant des chansons et des courriels à leurs grands-parents. Une élève a expliqué qu’elle avait écrit une pièce de théâtre en français chez elle et qu’elle était en train de la traduire en anglais juste pour s’amuser. Dans l’ensemble, les élèves ont fait état de leurs attitudes positives envers l’écrit dans les deux langues, même s’ils disent préférer s’engager dans des activités d’écriture créatives lorsqu’ils ne sont pas tenus d’accorder une grande importance à l’épellation et à la grammaire. Tous les élèves ont pu identifier une production écrite de leur cru dont ils étaient fiers. Nous proposons d’élargir la réflexion sur l’enseignement et l’apprentissage de l’écriture dans des programmes en langue seconde dans des contextes bi/plurilingues où des activités d’écriture plus créatives et ludiques seraient incluses et où les élèves auraient une plus grande latitude pour choisir leurs sujets.
Lynn Thomas est professeure titulaire à l’Université de Sherbrooke et la présidente désignée de la SCÉÉ. Lynn a communiqué quelques renseignements sur son projet de recherche actuel. Pour en savoir plus sur la recherche de Lynn : http://www.usherbrooke.ca/pedagogie/notre-equipe/ped/thomas-lynn/